samedi 26 septembre 2009

Falardeau, Tabarnac.

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Une autre vague de décès. Je ne parlerai pas de Nelly Arcan. Ou si peu. Je savais son talent, je lui aurais volontiers payé un drink dans un bar, mais je ne l'avais pas lue (je vais peut-être rectifier la situation bientôt, on va voir)...

Mais la nouvelle ce matin. Ouch. Un coup de marteau dans la face. Pierre Falardeau est mort.

Oui, je suis de ceux qui admiraient le bonhomme. Peu de ses déclarations m'ont fait sourciller au fil du temps. Même pas la fois où il a traité Claude Ryan de pourriture, posthume. (je me dis que ça doit même sabrer le champagne chez les Desmarais, ce matin. Ce serait légal.) Ça me tiquait des fois quant il montait aux barricades, le jour de la fête du Canada, avec ses chums plus à gauche,mais encore là, on était dans le même camp. On perd déjà assez de temps, de salive et d'efforts à s'entre déchirer pour des niaiserie chez les bleus, autant en laisser passer une, de temps en temps.

Il reste quelques monolithes au Québec. Des gens plus grands que nature, à l'image des paysages du Québec. Desjardins, Vigneault... (bizarre, ce matin, il ne m'en vient pas d'autres en tête.) C'est drôle, je parlais justement avec ma femme de notre petitesse, en tant que peuple. Ça contraste. On vient d'en perdre un. Un homme de liberté avant tout. Avant le militant, le pamphlétaire, l'écrivain, le cinéaste. Un objecteur de conscience nécessaire. Maintenant que les idées n'ont plus leur place en politique, où va-t-on trouver nos idées politiques? Maintenant que tout un chacun sort son ti-drapeau le 24 au soir pour aller écouter Dany Bédar au parc Maisonneuve, où vais-je le trouver, mon pays sous la bannière fleurdelisée?

Mais bon, tout le monde l'a déjà dit. Je trouve ça quasiment drôle de lécher le cul d'un mort comme ça, surtout que lui-même, de son vivant, ne s'est pas gêné pour traiter un de ses adversaires de pourriture alors que son corps n'était pas encore tout à fait froid. Ça avait forgé mes idées en la matière, alors habituellement, je garde mes mots pour moi quand ça arrive, et ris dans ma barbe quand les éloges fusent tout d'un coup à l'égard d'un has-been récemment décédé, ou que le cirque médiatique tourne à plein régime quand un big-shot passe l'arme à gauche (je ne veux pas nommer Michael Jackson, mais... *tousse*). Mais j'avais une admiration sans bornes pour Falardeau. Quand on me demande si j'ai déjà pleuré à la fin d'un film, je cite la fin de 15 février 1839. Pour toute la charge émotionnelle. Parce que lui, il a été capable de venir me chercher.

Pierre, on s'est rencontré une couple de fois; on est au Québec, je me donne le droit de te tutoyer pour ça. Merci pour tout. Merci pour le peu de grandeur que tu as su inculquer à mon peuple (j'ose croire que nous sommes sur la bonne voie). Merci pour mon pays. Merci pour avoir façonné mes idées et mon esprit «du bon bord» (question de point de vue, évidemment). R'pose-toé, maintenant. Tu l'as mérité, sti.

Filmographie sélective
(Ça me tente pas trop de poster du Gratton ici, par contre. Parce que tout le monde le sait, et parce que le personnage est tellement rendu dénaturé, à mon avis, que je ne regarde même pas la série à la télé. Je ne sais même pas si je rirais s'il y avait un drapeau de Santa Banana à ses funérailles.)




Le temps des bouffons, première partie


Deuxième partie

(ici, j'ai désespérément cherché la fin de Gratton 2, le bout où Falardeau et Poulin discutent du tableau de Goya, Saturne dévorant un de ses enfants). Rien sur Youtube. CQFD.)

Idem, j'ai essayé d'y retrouver un autre de ses longs métrages, Pea Soup. Je n'ai trouvé que cet extrait, maintenant célèbre.



la fin de 15 février 1839.


Speak White.


Octobre. Pour l'histoire, le poème est de Gaston Miron, L'Octobre.


La lettre à son fils écrite en 1995.

Finalement, j'ai essayé de trouver la fin du Party sur les Internettes. Nada. Allez vous le chercher en DVD. Idem pour l'album de LocoLocass In Vivo, où Falardeau lit un poème de Mahmoud Darwich.