mardi 9 juin 2009

Le graphisme est l'opium du peuple.

Sérieux. C'est une vocation. Rien de moins.

En jasant avec une collègue chez un client, elle me demandait combien de ma promotion sont toujours dans le métier, je lui répondis que je ne savais pas trop. Mais ça allait de soi, c'est une fraction seulement d'une cohorte de graphistes qui continuent dans le métier. Le reste, comme des grains de popcorn qui restent dans le fond de la machine, se recyclent ailleurs.

Je voyais sur une page Fessebouc de mes anciens camarades de classe combien sont partis dans une autre direction; plusieurs utilisent encore les notions qu'ils ont appris, mais ailleurs. Même la «queen» de la promo, celle qui avait tout au top, le talent, la drive, l'égo, est aujourd'hui prof d'arts plastiques au secondaire. Je tairai ici l'histoire d'une amie assez proche durant mes années d'études. La dernière fois qu'on s'est parlés, elle faisait dans la finance.

Au moins, je n'ai pas d'histoire à raconter sur celui ou celle qui, presque dix ans après, flippe des boulettes au burger du coin.

C'est à croire que je suis excessivement tenace, excessivement stupide, ou excessivement les deux pour persévérer dans un métier à peine moins stressant que contrôleur aérien à LAX ou pêcheur de crabe en Alaska. Comme j'ai dit plus haut, c'est une Vocation. L'appel de je ne sais pas trop quoi, comme Dieu appelle les gens d'église.

Dans le fond, graphiste ou prêtre, ce n'est pas si différent. Les deux aspirent à faire le bien autour d'eux (moral ou graphique), à élever leur entourage à un idéal, personne ne veut vraiment faire leur boulot et les deux n'ont qu'une fraction de vie sexuelle (le prêtre parce que les pensionnats se font de plus en plus rares, le graphiste à cause d'un foutu deadline).

Idem, j'ai craqué pour des films et des livres de façon assez intense. La première fois où j'ai vu Tekkonkinkreet, Miroir Noir ou Helvetica, il y avait en moi cette flamme, cette avidité, cette sensation de plénitude. Pas trop loin des exaltations de Sainte Thérèse d'Avila, selon moi.

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Ce qui m'amène à vous jaser de mon achat de la semaine : Supply and Demand de Shepard Fairey. Oui, le Shepard Fairey de l'illustration d'Obama. Je l'ai feuilleté d'un bout à l'autre, et j'ai un chapitre ou deux de lus. Et déjà je me questionne : sur mon conformisme, ma démarche, sur le fait que pour le moment, je ne passe pas assez de temps à faire du design pour moi... Après tout, je suis parti à mon compte pour faire un peu plus ce qui m'allumait vraiment , et je me retrouve dans une routine un peu différente d'avant. J'ai besoin de retrouver cette énergie que j'avais à mon départ, celle de l'exaltation. Moi aussi, je veux recommencer à me venir dessus comme Sainte Thérèse d'Avila...

*En passant, j'ai un projet ou deux en tête. La suite dans pas trop long...

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