vendredi 26 février 2010

Mauvais design ou signe des temps?

Ce billet touche un point de design en général, et ne s’adresse pas nécessairement au design graphique, mais une nouvelle cette semaine m’a fait, disons, sourciller.

Tout d’abord, qu’est-ce que le design? Le mot est une anglicisation du latin disegno signifiant dessin, mais aussi dessein, nuance importante. Dessein comme dans intention. Outre la forme, il doit y avoir dans le design une fonction. L’esthétique joue pour beaucoup, bien sûr, mais la chaise la plus esthétique du monde, si elle ne comporte pas de siège, deviendra vite la chaise la plus inutile du monde.

J’arrive maintenant dans le vif du sujet. Et à ma tirade.


Vraiment?


Je comprends, depuis les quelques dernières décennies, certaines innovations en matière de sécurité. Nous roulons dans des automobiles plus sécuritaires depuis l’apparition de la ceinture de sécurité, les sacs gonflables et autres dispositifs. Je tique encore quant au port du casque à vélo et en ski, mais les chiffres sont sur la table, pas besoin de me convaincre du bien-fondé de la chose.

Cela dit, de nos jours, je crois que de dire que nous vivons dans une époque de pleutres frileux est un euphémisme léger. En fait, à cause de la dite époque, j’ai un champ sémantique entier que je me retiendrai d’écrire ici pour éviter de froisser quelconque courant de pensée / sexe / race / religion, etc. (Surtout religion, en fait; la nouvelle m’a inspiré une pléthore de mots d’église que la chrétienté seule n’arrive plus à contenir). Dans la même veine, ce papier de Foglia :
Grand dieu, si on ne peut pas avoir de préjugés sur le curling, sur quoi? Dressez pour le fun la liste de tous les organismes, associations, groupes de personnes religieuses, handicapées, sexuellement saugrenues, noires, jaunes, obèses, sur lesquelles il est strictement interdit d'avoir des préjugés, vous verrez qu'il ne reste à peu près plus que les joueurs de curling et les Luxembourgeois qu'on peut traiter de débiles en toute impunité.

Un passage qui me fait rire dans l’article des hot dogs :

Les pédiatres soulignent que, selon une étude américaine (qui date de 1984, cependant), les hot-dogs sont à l'origine de 17% des morts par étouffement alimentaire. Cela étant dit, les bonbons durs, le maïs soufflé, les guimauves et les raisins sont eux aussi problématiques.

«Les entreprises alimentaires devraient, dans la mesure du possible, repenser les aliments de façon à réduire le risque d'étouffement», peut-on lire.

OK. Réunissez-moi un parquet de designers industriels, d’ingénieurs et de tout ce que vous voulez et repenser le concept platonicien de la saucisse. Du maïs soufflé. Bonne chance pour les raisins.

Puis, la cerise sur le sundae. Essayez de ne pas vous étouffer avec :
Aux États-Unis, le Conseil national du hot-dog et de la saucisse - ça ne s'invente pas - a pris la chose de façon pour lui-même et a indiqué que, sur plusieurs emballages, on recommande déjà aux parents de couper les chiens chauds en petits morceaux.
Premièrement, le putain de Conseil national du hot-dog et de la saucisse. À voir leur site, on se console que le lobby du stimé ne soit pas si puisant que ça à Washington. Et puis, me semble que, dans mon temps, ma mère me disait de ne pas prendre de trop grosses bouchées en mangeant (ça marche, en passant; la preuve, c’est que je suis toujours en vie). À l’époque, on appelait ça le gros bon sens. Il était un peu partout avant d’être à l’emploi exclusif de Nissan. De nos jours, on a besoin d’un lobby du roteux pour nous le rappeler. Et si ça ne fonctionne pas, on aura besoin d’un consortium de gningnégnieurs pour nous éviter de s’étouffer avec notre manger.

Bordel, qu’est-ce qui s’est passé, et quand?

Bande de sans-disegno...

1 commentaire:

Mab a dit…

ce que j'aime par-dessus tout dans ton écrit, c'est le libellé utilisé: paranoïa.

Ceci étant dit, tu as raison de ne pas être content. Mais ce n'est pas le design, le dessein ou dessin qui changeront l'intelligence de la société en général.