mardi 1 juillet 2008

Le show de BV3 que je n’aurai pas vu, finalement.

Au Festival de Jazz, il y a trois types d’imbéciles : les imbéciles qui sont incapables d’avancer, les imbéciles qui avancent dans le sens contraire de celui où tu veux aller, et les plus imbéciles du lot, on les met en charge d’organiser la sécurité.

Au fait, je me demande encore pourquoi on appelle ça le Festival de Jazz. Depuis longtemps, j’aurais appelé ça le «Festival de tout-ce-qui-n’est-pas-à-peu-près-du-rock». Depuis qu’ils ne peuvent plus inviter Oscar Peterson parce qu’il est mort, ça va de mal en pis, on dirait. Le gros feature de cette année, Woody Allen, clarinettiste très moyen de son propre aveu (Ils auraient dû inviter David Lynch, parait qu’il torche au gazou). Pour les autres comme moi qui préfèrent dilapider leur fortune sur la drogue et la traite des blanches que sur un cinéaste intello à grosses lunettes qui, quand il ne se tape pas sa fille adoptive, s’épivarde dans un instrument à vent, il restait l’événement principal du FIJM, Bran Van 3000 qui, comme on le sait tous, reprend les plus grands standards du Jazz depuis 1972.

Bon, je chiâle peut-être un peu à travers mon chapeau ici; je suis un fan de BV3 depuis longtemps, et j’avais hâte à l’événement de ce soir, même si selon moi ça fait au moins 10 ans que le FIJM ne sait pas gérer la foule qu’il attire (pourquoi les FrancoFolies, qui attirent eux aussi une foule imposante, me donnent moins l’impression d’être claustrophobe?). Me voilà donc, quatre heures avant le show, dans l’escalier de la Place des Arts, pas mal où je voulais être. Au moins, j’avais prévu le coup...

Jusqu’à ce que je ne puisse plus réprimer un besoin naturel. Je me doutais que l’aller serait quelque chose, mais le retour...

Premièrement, on me refuse l’accès à la sortie le plus proche de ma destination. On me redirige vers une autre sortie, bloquée elle aussi, avec une préposée à la sécurité un peu hystérique qui aurait bien descendu quiconque outrepassait son ruban jaune, si elle avait eu une arme. 

Je trouve enfin une sortie vers l’extérieur, qui me conduit dans la direction opposée à celle où je veux aller (ma femme m’attend encore dans les marches de la PDA, faut-il le mentionner). 

Commence alors une heure de calvaire, où je tente, en vain de me frayer un chemin à travers la foule. Il y a bien un chemin qui contourne cette mer de demeurés, mais c’est un sens unique vers la sortie du site. Va donc pour le troupeau d’imbéciles que je dois traverser. J’y rencontre :

• des imbéciles qui me bloquent sciemment le chemin pour ne pas que je voie le show plus proche qu’eux;
• des imbéciles qui arrivent en sens contraire, trop cons pour apercevoir le chemin de huit pieds de large fait spécialement pour eux;
• Et des imbéciles qui faisaient leur devoir, à savoir ceux de la sécurité qui avaient prêté serment sur la tête de l’Éternel de ne pas me laisser passer. Belle job, Gandalf.

Et sur moi, je n’avais pas :
• Mon cellulaire pour rejoindre ma femme, morte d’inquiétude;
• De l’argent pour passer un coup de fil à ma femme, à une centaine de pieds d’où j’ai réussi à me rendre;
• Une Zweihander allemande pour me frayer un tout petit chemin. J’aurais bien pu souhaiter deux uzis, mais j’aurais sans doute manqué de munitions.

(Remarquez, deux balisongs auraient très bien pu faire l’affaire...)

Finalement, je réussis à trouver une préposée à la sécurité assez gentille pour lui demander quelles solutions s’offraient à moi. Il y en avait bien une : faire le tour du site dans le sens des aiguilles d’une montre pour arriver de l’autre côté. Ce qui m’aurais pris au moins une heure (le show était déjà commencé depuis une quinzaine de minutes, soit dit en passant). Elle me lance un «bonne chance» qui n’aurait pas été hors-contexte si on m’avait envoyé en Afghanistan, armé d’un fusil de paintball, devant la caverne de la Fraternité Guerrière Talibane. 

That’s it, j’abandonne.

J’emprunte donc le couloir de sortie de huit pieds (ils n’auraient pas pu en faire deux de quatre pieds, dans les deux directions?), qui ne mène qu’à la moitié du trajet vers la sortie. Je dois donc, pendant un autre dix minutes, jouer du coude (mon royaume pour une chainsaw!) pour enfin me rendre jusqu’à la rue Saint-Laurent (parce que oui, il y avait du fucking moron jusqu’à Saint-Lô!).

Rajoutez un autre vingt minutes pour me retirer de l’argent / faire la file au dep pour m’acheter quelque chose à booire, question d’avoir du change / trouver un téléphone public dans les alentours de Saint-Lô-Sainte-Cath (moins facile qu’il n’y parait!) et finalement rejoindre ma femme, morte d’inquiétude. On se rejoint à la Vespa, on tourne en rond dans le trafic parce que, non content de réunir 200 000 imbéciles sur deux coins de rue, le FIJM ferme les dix autres autour, et me voilà enfin à la maison, déçu d’avoir manqué un bon show. 

Déçu? Non, en colère. Parce que ces temps-ci, mon spleen me rentre dedans, et de voir un bon show aurait pu me remonter le moral. En fait, les 200 000 caves, j’aurais supporté (même que ça dépasse peut-être un peu ma pensée...). J’avais lu quelque part que le QI d’une foule se calcule en prenant celui du plus cave de la gang, divisé par le nombre de personnes présentes, et je commence à me faire à l’idée. Mais l’organisation de foule carrément déficiente, c’est carrément inacceptable. Surtout lors d’un événement qui n’en est pas à ses premières années. 

Messieurs Simard et Saulnier, Sachez que vous ne m’y reprendrez plus à venir assister à votre Festival boiteux, quand même que vous invteriez le quartette de Jésus-Christ en personne (ou même le Loco Locass Trio, qui lui aussi reprend les plus grands standards de jazz depuis 1972). En fait, si j’y retourne, vous me reconnaîtrez facilement : je serai celui en train de pisser dans son verre de bière, pour éviter de perdre ma place.

5 commentaires:

Dave de Granby a dit…

Fait toi s'en pas, tu n'es pas le seul à avoir passé une soirée de merde là-bas. Plusieurs de mes collègues chez archambault ont trouvé l'expérience un peu traumatisante!

Mab a dit…

À entendre la critique de Philippe-Quelque-Chose du JDM (collaborant pour La Presse... étrange le monde journalistique), le Show était plus ou moins réussi. C'était OK, sans plus, Cool si t'es positif.

Je connais assez bien merci le fonctionnement de ce festival de marde (je m'en suis quand même bien sortie: traumatisé, tremblante comme une feuille tout en terminant ma longue traversée pratiquement idem à la tienne sur un braillâge de cinq minutes au Dagwood. (été 2007)). À ce que je peux lire, ils n'ont toujours pas arrangé le système de passage. bande de cons.

Je crois qu'il y a des bons shows au Festival d'été de Québec cette année, genre Mes Aïeux, ça serait cool d'y aller, en tout cas. Vérifie toujours, le spleen s'en va facilement devant des côtes levées du cochon dingue! ;)

Phil a dit…

C'est qu'il y en a deux. Philippe Renault au JDM et Philippe Renaud à la Presse, comme collabo spécial en musique.

Très bon ton histoire Patch, c'est vrai que c'est sacrant. Mais les Francos et le Jazz sont organisés par la même compagnie, Spectra. Je pense qu'ils sont pognés avec leur emplacement, mais ça va changer avec le quartier des spectacles. au moins...

Mab a dit…

avec tout ça, faut le dire: y'a trop de phil.

Pakou a dit…

J'ai pourtant jamais eu ce genre de problème avec les francos, et ce, même si c'est la même compagnie qui organise... bizarre...